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Inclusion/citoyenneté

Dans l’Eure, le Fraternibus vient à la rencontre des personnes isolées

Type d'action

  • Accessibilité
  • Bénévolat
  • Lien social
  • Lutte contre l’isolement
  • Partenariats / transversalité
  • Personnes âgées
  • Personnes handicapées

Département

Eure (27)

Sur le vif

« Dès que je peux marcher, même avec mon déambulateur, je viens au Fraternibus. On rencontre des gens, on discute, on se donne des conseils, on rit aussi. Les choses peuvent changer quand on est entouré » - Anne, 81 ans, veuve, habitante de Breteuil.

« Dans les villages, les cafés ferment et les femmes n’y vont pas. Le Fraternibus c’est un espace de mixité sociale et générationnelle. Pour nous, les bénévoles d’autres associations, c’est aussi l’occasion d’échanger des informations, d’avoir un premier contact, de créer de la confiance avant d’envisager un accompagnement individuel » - Nicola, bénévole des Petits Frères des Pauvres sur Breteuil.

« A mon arrivée à Damville, je ne connaissais personne. J’ai rencontré Olivier à SOS Solidarité et il m’a encouragé à venir au Fraternibus. Et quand une place de bénévole s’est libérée, je me suis proposé. Maintenant, c’est un repère dans ma semaine et j’ai la banane car les gens se parlent. Je leur apporte ce qu’on m’a donné et ils me reconnaissent dans la rue. C’est valorisant. » - Christophe, accueilli puis bénévole au Fraternibus.

Porteur(s) de l'action

Secours Catholiques de Haute-Normandie

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de prévenir et lutter contre l’isolement des habitants des territoires ruraux du Sud de l’Eure, le Secours Catholique a fait évoluer son équipe locale de bénévoles en dispositif mobile. Le Fraternibus est un espace de rencontre itinérant qui s’installe une fois par semaine dans trois communes, le jour du marché pour deux d’entre-elles et au cœur d’un ensemble HLM pour la troisième. Autour d’un minibus aménagé en espace d’écoute, d’information et d’accompagnement, les bénévoles installent tables et chaises pour offrir à tous ceux qui le souhaitent une pause autour d’un café. D’abord lieu de convivialité, le Fraternibus est l’occasion pour des habitants souvent fragilisés et isolés de retrouver du lien social et développer des solidarités. Il permet également aux neuf bénévoles qui s’y relaient de repérer les personnes en difficultés, de les accompagner dans l’expression de leurs besoins et de les orienter, si elles le souhaitent, vers les acteurs du territoire les mieux à même de les aider.

L’essentiel 

Porteur : Le Secours Catholique de Haute-Normandie et notamment une de ses 62 équipes de proximité, l’équipe de Breteuil sur Iton, composée de neuf bénévoles.

Date : 2018

Population concernée : Toutes personnes éprouvant le besoin de partager un temps de convivialité, qu’elles soient isolées ou en situation de précarité ; 
La moyenne d’âge des personnes accueillies est de 68 ans.

Territoire concerné : Trois communes de l’Intercommunalité Normandie Sud Eure (INSE) : Breteuil-sur-Iton, Damville (Mesnils-sur-Iton), Tillières-sur-Avre.

Objectif de l'action : Aller au-devant de personnes isolées ou en difficultés en leur proposant un espace itinérant de convivialité, d’écoute, d’information et d’accompagnement : le Fraternibus.

Partenaires : Les trois communes concernées, les CCAS concernés, le Conseil départemental de l’Eure (l’Unité territoriale d’action sociale Eure Sud, la coopération MonaLisa de l’Eure), la Conférences des financeurs de la Prévention de la Perte d’Autonomie (CFPPA) de l’Eure, la paroisse d’Avre et Iton, la fraternité régionale Normandie des Petits Frères des Pauvres, la fédération des Famille rurales de l’Eure, des établissements médico-sociaux (EHPAD, Foyer d’accueil médicalisé, Foyer de vie…),  l’association culturelle et omni sportive de Tillières-sur-Avre (ACOST), l’Agirc Arrco.

Caractère innovant : La démarche d’« aller vers » ; 
La facilité d’accès et la non stigmatisation ; 
Un lieu de parole et d’écoute, qui ne propose aucune activité spécifique, mais fait émerger les besoins des habitants.

Impacts :

  • Le développement du lien social entre les habitants de zones rurales, en situation d’isolement du fait de difficultés de mobilité, de précarité économique ou d’une perte d’autonomie liée à l’âge ou au handicap.
  • Le meilleur repérage des personnes en situation de précarité et/ou d’isolement et une orientation plus fluide vers les différents acteurs du territoire, intervenant auprès de ces personnes.
  • Un partage d’informations, une connaissance réciproque et des collaboration renforcées entre les différents acteurs associatifs et institutionnels du territoire.
  • Le renforcement de la capacité d’agir et de l’estime de soi des participants, bénévoles et accueillis, qui contribuent à recréer des solidarités de proximité.

Origine(s)

Le projet du Fraternibus prend sa source en 2016, alors que l’antenne du Secours Catholique installée à Verneuil-sur-Avre vient fermer, laissant les habitants d’une cinquantaine de communes sans permanence où s’adresser, alors que les besoins sont importants sur ce territoire rural et en déprise du sud de l’Eure. Les taux de chômage (13%) et de pauvreté (13,5%) y sont plus élevés que sur le reste du département et 30% des habitants ont plus de 60 ans. Un tiers d’entre eux vivent seuls, isolés géographiquement, parfois en situation de précarité économique et relationnelle. 

L’animateur salarié du Secours Catholique, récemment arrivé dans le département de l’Eure, entame alors une tournée des communes, afin de mieux connaitre ce territoire et d’évaluer ses besoins. Pendant près de six mois, il rencontre des élus, des acteurs sociaux, des responsables paroissiaux, des professionnels du soin et s’installe dans les bars de villages pour écouter la population et échanger avec elle. Le diagnostic de terrain qui résulte de ces échanges, dessine la réalité d’un territoire confronté à la fermeture des services de proximité (commerces, services publics…), à l’absence de transports publics réguliers, avec un impact sur l’isolement de la population vieillissante ou précarisée. Pour répondre à ces constats, l’idée de mobilité inversée s’impose : un dispositif animé par des bénévoles, capable d’aller vers les gens, là où ils sont.

De février à décembre 2018, le projet se construit avec une nouvelle équipe de quatre bénévoles, deux hommes et deux femmes. Alors que des dispositifs itinérants (cinéma, bibliobus…) se développent, rien n’existe encore en Haute-Normandie. Les promoteurs prennent leur inspiration auprès d’initiatives plus lointaines comme le Parentibus (voir fiche Apriles) implanté dans la Manche ou la Roulotte des délices portées par le Secours Catholique du Gard, qui ont pour point commun de privilégier la rencontre en préalable à l’aide.

Un mini bus est acheté aux enchères à la ville de Rouen et aménagé par les bénévoles pour le transformer en un espace convivial, disposant d’un « coin salon » et des équipements nécessaires pour installer sur l’espace public un café itinérant. Un nom est choisi, Fraternibus, qui correspond à l’état d’esprit du projet, plus lieu d’échange et de partage faisant la part belle aux initiatives de ceux qui le fréquentent, que simple antenne mobile du Secours Catholique. Deux communes, que les bénévoles connaissent bien pour résider en proximité et être déjà investis auprès de la paroisse ou d’autres associations, sont identifiées pour accueillir les premières permanences : Damville sur la commune nouvelle de Mesnils-sur-Iton et Breteuil-sur-Avre.  Elles comptent un nombre conséquent d’habitants (6000 et 4000), disposent d’un marché hebdomadaire (mardi et mercredi) qui anime la vie locale et leurs municipalités sont prêtes à soutenir le projet en dispensant le Fraternibus de droits de marché ou en mettant à disposition, pour la mairie de Breteuil, un lieu sécurisé où stationner le véhicule entre chaque déplacement.

A la rentrée 2018, les bénévoles profitent des différentes manifestations locales (forums des associations, salons du bénévolat, journée internationale de l’élimination de la pauvreté…) pour faire connaître le nouveau dispositif. Le Fraternibus est officiellement inauguré le 4 décembre 2018 mais ne prend son plein essor qu’à la fin des confinements imposés par la crise Covid. D’autres municipalités sollicitent alors son passage. Une troisième permanence est d’abord mise en place à Marbois mais est abandonnée moins d’un an après son lancement, faute d’avoir trouvé son public.  La Commune de Tillières-sur-Avre, identifiée dès le diagnostic, est alors retenue avec une nouvelle formule : une permanence aux pieds des immeubles de la cité HLM, récemment réhabilitée.
 

 

Description détaillée

Un lieu de rencontre fréquenté par une population variée

Chaque semaine, le Fraternibus de l’Eure assure une demi-journée de permanence sur trois communes de l’Intercommunalité Normandie Sud Eure (INSE) : les mardi et mercredi dès 7h30 à Damville et Breteuil-sur-Avre et le jeudi après-midi, entre 14h00 et 17H30 à Tillières-sur-Avre. Pour chacune d’elles, Le Fraternibus s’installe au plus près des habitants, sur des lieux de passage qui permettent à la fois de toucher une population variée, tout en évitant de stigmatiser ceux qui fréquentent le Fraternibus ou qui souhaitent solliciter discrètement un soutien : au cœur des deux premières communes, lors du marché hebdomadaire ou sur le parking, aux pieds des immeubles, pour la troisième.

Quel que soit le temps, les bénévoles installent devant le minibus, sous l’auvent qui protège des intempéries comme du soleil, une demie douzaine de tables de jardin égayées de petits bouquets en papier et des chaises pliantes en nombre suffisant pour accueillir les visiteurs. A l’intérieur, des sièges passagers ont été retournés en vis-à-vis pour créer un espace plus confidentiel où les bénévoles peuvent recevoir individuellement. Le Fraternibus est également équipé d’un ordinateur portable et d’une clé 4G afin de permettre aux bénévoles d’accéder à internet et de proposer aux accueillis qui le souhaitent une première aide dans leurs démarches. Tout est fait pour donner l’envie d’y faire une pause : la décoration colorée du bus, les informations et flyers en libre accès sur des animations organisées par les partenaires et surtout le café ou le jus de fruit proposés gratuitement, auxquels viennent régulièrement s’ajouter des gâteaux et friandises apportés par des usagers ou par des commerçants.

Pas besoin d’inscription pour fréquenter le Fraternibus. Certains s’y retrouvent d’une semaine sur l’autre et en font un rendez-vous régulier, pendant que les bénévoles encouragent avec bienveillance les curieux de passage ou les plus réservés, à s’asseoir quelques minutes. Au fil des heures, le Fraternibus voit défiler un public varié, avec toutefois une dominante de personnes âgées (la moyenne des personnes accueillies est de 68 ans) et de personnes fragilisées par une précarité économique ou relationnelle. Les habitués sont souvent les premiers et profitent du calme pour s’entretenir en aparté avec un bénévole ou solliciter un coup de main sur une démarche administrative. Ils sont rejoints dans la matinée par ceux qui terminent leur marché et notamment les retraités. A Breteuil, c’est également le moment du passage des résidents de l’EHPAD, accompagnés de leur animatrice et des personnes en situation de handicap, accueillies dans le foyer d’hébergement voisin. En fin de matinée, des mamans et leurs jeunes enfants, se posent un instant en attendant la sortie des classes. Au total, jusqu’à 70 personnes peuvent se succéder. Un cahier de liaison permet aux bénévoles de noter chaque prénom, ainsi qu’un éventuel numéro de téléphone et de se tenir informés des échanges et demandes. 

Des bénévoles à la fois discrets et moteurs

Neuf bénévoles, hommes et femmes à quasi parité, se relaient par groupes de trois sur les trois sites. Ils sont vigilants à maintenir la continuité des permanences et un engagement dans la durée, afin de ritualiser le rendez-vous et créer les conditions de la confiance. La plupart sont des bénévoles réguliers, principalement des retraités. Ils sont soutenus par les équipes professionnelles de la délégation Haute-Normandie et notamment l’animatrice en charge du territoire Sud-Eure qui les accompagne dans l’élaboration du budget et les demandes de subventions. Sur la base du volontariat, ils peuvent également bénéficier des formations (écoute, accès aux droits, repères de l’aide…), proposées par la délégation et organisées avec des partenaires (conseiller France service, Assistantes sociales du Département…). Souvent engagés dans d’autres associations du territoire, les bénévoles favorisent la création de dynamiques entre différents acteurs dont ils ont une connaissance intuitu personae, et contribuent ainsi à une orientation plus fluide des personnes accueillies. Le responsable de l’équipe Fraternibus gère également une association d’aide alimentaire basée à Damville ; une autre est une bénévole de la fédération départementale des Familles rurales, reconnue comme une personne référente sur sa commune.

Pour eux, dont l’engagement a d’abord été motivé par la volonté d’aider, l’enjeux a été d’accepter de se mettre en retrait, de ne pas proposer un programme d’activités conçu en amont et de laisser la rencontre se construire au gré des envies et des attentes des personnes accueillies. Des solidarités ont vu le jour entre les habitués : ceux qui ont un véhicule passent chercher un voisin ; d’autres qui ont un jardin partagent fruits et légumes de leur production, que les bénévoles veillent à proposer aux plus précaires. Une collecte de laine a même été organisée pour une accueillie passionnée de tricot. On s’inquiète aussi des absents, et bénévoles ou personnes accueillies passent un coup de téléphone. Certaines personnes accueillies ont pu s’approprier le projet jusqu’à devenir à leur tour bénévole. Les permanences du Fraternibus rythment leur semaine, leur donne un cadre, une utilité qui les valorisent, voire une reconnaissance par les autres habitants.

Un espace ressource identifié par les différents acteurs

Pour les acteurs de la solidarité du territoire, le Fraternibus est également un lieu ressource. Il n’est pas rare, lors des permanences, de croiser les assistantes sociales des CCAS ou des membres (bénévoles et professionnels) d’autres associations. C’est l’occasion d’échanger entre eux des informations sur leurs activités réciproques, voire de partager des situations. Le bus est un lieu vers lequel les professionnels orientent des personnes qu’ils suivent, en complément d’une prise en charge individuelle, lorsqu’ils ont identifié une situation d’isolement. Mais c’est aussi un lieu de repérage et d’orientation vers les services sociaux de proximité ou vers d’autres associations qui proposent des réponses complémentaires au Fraternibus, à l’exemple du transport solidaire développé par la fédération des familles rurales de l’Eure ou de l’accompagnement aux personnes atteintes de maladies graves, assuré par les Petits Frères des Pauvres. Les échanges informels autour d’un café, en dehors de l’espace institutionnel du CCAS ou de l’UTAS, sont alors l’occasion de faire tomber des préjugés ou des réticences à solliciter une aide.

Cette proximité du Fraternibus est également un atout pour atteindre des populations souvent difficiles à touchées dans le cadre de politiques publiques. A l’exemple du programme européen Interreg Connected Communities (https://www.youtube.com/watch?v=Su48eXGxxlw ), mené entre le département de l’Eure et l’Angleterre (avant le Brexit), pour lutter contre l’isolement des seniors. Des expérimentations ont été initiées dans cinq communes dont Breteuil, afin de déployer et tester auprès de 200 seniors le pack autonomie de La Poste comprenant une tablette numérique adaptée, un cheminement nocturne lumineux, ainsi qu’un service de portage de médicaments à domicile assuré par les facteurs. Sur Breteuil, le Fraternibus a été un relai essentiel pour identifier la vingtaine de personnes âgées volontaires. 

Dès lors, le Fraternibus a naturellement trouvé sa place dans la dynamique MonaLisa portée depuis 2018 par le Conseil départemental de l’Eure et dont le Secours Catholique est l’un des 34 signataires de la Charte depuis 2022.

Autant de Fraternibus que de territoires

Rapidement, le Fraternibus de l’Eure s’est fait connaitre sur ISIDOR, l’intranet des délégations du Secours Catholique. Relayé par un reportage de FR3 Normandie  (https://www.youtube.com/watch?v=b6WpxpwgeMg ), le dispositif fait le « buzz »  et l’équipe est alors contactée par d’autres délégations (Périgord, Morbihan, Ain…). Une foire aux questions est mise en place pour répondre aux demandes d’informations qui se multiplient. A la sortie de crise de la Covid, le plan France relance, porté par l’Etat, donne au Secours Catholique l’opportunité d’accompagner cette montée en puissance. Une partie des 600 000 euros attribués à l’association pour porter des projets innovants, notamment autour de l’alimentation, permettent de financer l’acquisition de 10 véhicules neufs, identifiés par un même visuel et répartis entre sept délégations (Hauts-de France, Bouches-du-Rhône, Gironde, Limousin, Cantal/Puy-de-Dôme, Aveyron/Lozère). Ils viennent rejoindre les Fraternibus déjà en circulation à l’initiative de délégations ou d’équipes locales. Fin 2023, une trentaine sont opérationnels. 

Chaque Fraternibus est cependant unique dans son mode de fonctionnement, pour s’adapter aux ressources des territoires d’intervention et aux demandes des habitants. Si certains priorisent le lien social, à l’exemple de l’Eure, d’autres sont centrés sur des activités thématiques comme l’accès au numérique (Pays d’Arles et de la Crau), l’alimentation…  ou la socio esthétique [1]comme en Gironde, sur un quartier où les femmes isolées sont nombreuses. Si tous ne s’installent pas sur les marchés, les partenariats avec les communes sont cependant essentiels, ainsi que ceux avec les autres acteurs locaux. A Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, la permanence du Fraternibus est annoncée par affichage municipal et à chaque passage, une association locale différente vient proposer une animation. Dans le Var, le Fraternibus a même été labellisé Espace de Vie Sociale par la Caisse d’Allocation familiale. L’« Aller vers » reste aussi au cœur de la démarche, comme dans les Côtes-d’Armor où les bénévoles n’hésitent pas à faire du porte-à-porte à chaque permanence pour annoncer leur présence.

Un réseau des Fraternibus a été mis en place au niveau national, animé par une salariée du Secours Catholique. Il réunit régulièrement les équipes des Fraternibus, afin de partager leurs expériences, échanger sur les bonnes pratiques autour de préoccupations communes (le recrutement des bénévoles, les relations avec les institutionnels, le démarchage de nouvelles communes pour accueillir une permanence…), de bénéficier de l’expertise de collaborateurs en matière d’accès aux droits ou de développement du territoire.

Dans l’Eure, un projet précurseur mais inachevé…

Après cinq années de fonctionnement, entrecoupé par la crise de la Covid-19, le bilan du Fraternibus de l’Eure est globalement positif. Il a contribué à rendre plus visible l’action du Secours Catholique et s’est véritablement installé sur les communes de permanence. Le Bus attire autant les bénévoles (15 y ont participé depuis sa création), que les habitants qui n’y sont pas stigmatisés par l’étiquette « demandeur d’aides ». Son expérience inspire d’autres équipes de la délégation et un Fraternibus est en projet sur le pays de Bray, en Seine-Maritime. Dans l’Eure, la coopération MonaLisa encourage également ses membres à s’inspirer du Fraternibus pour développer des démarches de mobilité inversée.

Toutefois, l’ambition initiale du Fraternibus de développer le pouvoir d’agir et l’autonomisation des personnes accueillies ne s’est pas concrétisé, notamment en raison de la la volonté des bénévoles de privilégier leur mission d’écoute. Aucun projet porté par les personnes accueillies, permettant de prolonger les solidarités informelles nées du Fraternibus, n’a pour l’instant vu le jour.

[1] Le socio-esthéticien / la socio-esthéticienne apporte une aide psychologique et un soin technique aux personnes souffrantes et fragilisées par une atteinte à leur intégrité physique, psychique ou sociale.

Bilan

Points positifs

  • Le diagnostic, conduit en amont du projet avec les acteurs du territoire et les habitants ;
  • Le principe de mobilité inversée, pour aller au plus près des populations et de leurs besoins ;
  • La simplicité initiale du projet (favoriser la rencontre au sein d’un espace non stigmatisant) qui encourage la mixité des populations et permet aux personnes accueillies de gagner en confiance et en bien-être ; 
  • La complémentarité avec les autres acteurs et dispositifs du territoire : « n’arrosons pas là où il pleut déjà » ;
  • La permanence des équipes de bénévoles, attentifs à maintenir une disponibilité régulière mais discrète ;
  • Le transfert de compétence et le déploiement national porté par le Secours Catholique – Caritas France, laissant une marge d’initiatives à l’échelon local, pour s’adapter aux ressources et besoins du territoire.

Points d’attention

  • Les difficultés à mobiliser des bénévoles disponibles pour un engagement régulier et dans la durée ;
  • La diversification des lieux de permanences, tributaire des disponibilités des bénévoles, du soutien des élus locaux, des besoins de la population et des réponses déjà existantes ;
  • Un dispositif qui n’est pas toujours identifié comme une ressource par les services en charge des personnes âgées, en raison de la « non spécificité » revendiquée par le Fraternibus ;
  • Le fonctionnement qui repose sur les fonds propres de la délégation et des financements non pérennes (appels à projets, fondations...).

Partenaire(s)

Financiers : La commune de Mesnils-sur-Iton (Damville), CFPPA de l’Eure, l’Agirc Arrco.

Opérationnels : les communes de Breteuil-sur-Avre et Tillières-sur-Avre ; le Conseil départemental de l’Eure (UTAS de Damville, coopération MonaLisa), des associations locales (Familles rurales, Les Petits Frères des Pauvres, SOS Solidarité Damville, l’association culturelle et omni sportive de Tillières-sur-Avre - ACOST), des établissements médico-sociaux (EHPAD de Breteuil, Foyer de vie Annie Solange, village retraite de Breteuil-sur-Iton), l’Espace France Service de Mesnils-sur-Iton.

Moyens

Humains :

  • Des équipes bénévoles de deux à trois personnes par permanence, dont une en capacité de conduire le véhicule, soit neuf bénévoles ;
  • Le soutien technique des salariés de la délégation départementale (formation des bénévoles, communication, recherche de partenariat…). Sur certains territoires concernés par le déploiement national, la phase de lancement du Fraternibus a pu nécessiter de recourir à un salarié en contrat à durée déterminée ou à un service civique ;
  • Une animatrice au niveau national pour animer le réseau des Fraternibus, appuyé ponctuellement par d’autres salariés du siège (accès au droit, développement des territoires).

Financiers :

  • L’investissement initial du projet de l’Eure est estimé à environ 12 000 euros, dont 8 300 euros pour l’achat du minibus. Cet investissement a été entièrement financé sur les fonds propres de la délégation Haute-Normandie.
  • Le budget annuel de fonctionnement du Fraternibus de l’Eure s’élève à environ 5200 euros, dont 3 000 euros provisionnés pour son entretien. La majorité des dépenses portent sur les frais de déplacement du véhicule (la ville de Breteuil-sur-Avre met à disposition gratuitement une place de parking sécurisé) et quelques achats de consommables pour l’accueil (café, jus de fruits, sucre, biscuits…).
  • L’accès au Fraternibus est entièrement gratuit. En 2023, ses ressources proviennent d’une subvention de la Mairie de Mesnil-sur-Iton (1 250 euros), de subventions de la CFPPA de l’Eure et de la Carsat Normandie  de 2 000 euros chacune.
  • Concernant le déploiement national, les véhicules ont été financés pour 50% par les crédits France Relance. S’agissant de véhicules neufs, l’investissement initial (achat + aménagement) a varié suivant le type véhicule entre 50 000 et 100 000 euros. Les budgets de fonctionnement s’élèvent en moyenne à 7000 euros par an (entretien du véhicule + consommables), financés par les délégations et quelques subventions (Conseil départementaux, fondations d’entreprises…)

Matériels : 

  • Un minibus (ou un camping-car pour certains Fraternibus déployés par le Secours Catholique) aménagé pour recevoir des personnes ;
  • Des chaises et tables de jardin ;
  • Un ordinateur portable et une clé 4G ;
  • Un branchement électrique.

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