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Inclusion/citoyenneté

« Paris en Compagnie », l’application qui prend soin des parisiens âgés

Type d'action

  • Accessibilité
  • Bénévolat
  • Habitat / logement
  • Lien intergénérationnel
  • Lien social
  • Lutte contre l’isolement
  • Partenariats / transversalité
  • Personnes âgées
  • Usages numériques

Département

Paris (75)

Sur le vif

« L’âge, c’est juste un détail ! Y a beaucoup plus de choses qu’on a en commun que de choses qui nous séparent. Colette est devenue une amie, ça me fait du bien de la voir contente. » Ruben, citoyen engagé.

« Cela fait trois mois que je me suis inscrite sur le site. En reconversion professionnelle et après avoir été aidante de mes parents, j’avais envie d’être utile, mais sans être bloquée par un engagement trop contraignant. C’est la troisième fois que j’accompagne Monique, d’abord pour une emplette puis pour des promenades. On apprend à se connaître. C’est une vraie ouverture d’esprit. » - Dorothée, habitante de Boulogne-Billancourt et accompagnante à Paris en Compagnie.

« J’ai connu Paris en Compagnie par le magazine municipal. Pour moi qui ai des difficultés à marcher mais toujours le goût des contacts, c’est une bonne solution. Au début, mes fils étaient réticents à ce que je recours à Paris en Compagnie.  Ils s’inquiétaient des personnes qui allaient m’accompagner. Mais j’ai toujours la possibilité de refuser si je ne me sens pas en confiance avec un bénévole. » - Monique, 84 ans, habitante du 16ème arrondissement, accompagnée par Dorothée.

Porteur(s) de l'action

Groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) Paris, les Aînés d’Abord.

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de permettre aux parisiens âgés de continuer à sortir de chez eux, malgré des difficultés de mobilités ou une appréhension à se déplacer dans l’espace public, le Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale (GCSMS) Paris, les Aînés d’Abord a déployé sur la capitale un dispositif d’accompagnement à la carte par des bénévoles. L’originalité de Paris en Compagnie repose sur l’existence d’une application numérique couplée à une plate-forme téléphonique. L’outil numérique permet la mise en lien entre les futurs accompagnants qui s’y inscrivent et les personnes âgées qui font leurs demandes par téléphone qui sont ensuite publiées sur l’application mobile : accompagnement pour un rendez-vous médical ou administratif, promenade d’agrément, sortie culturelle… La plate-forme enregistre toujours les demandes des personnes âgées, les modère, les met en ligne et assure un suivi des sorties réalisées. Les personnes âgées peuvent ainsi conserver une vie sociale au sein de leur quartier. Paris en Compagnie favorise également une nouvelle forme de bénévolat, plus souple, qui séduit notamment les jeunes actifs et encourage les liens intergénérationnels. Les contacts avec les âgés, établis par la plate-forme ou par les accompagnants, sont aussi l’occasion de repérer des fragilités (perte d’autonomie, isolement) et d’accompagner les plus fragiles et leurs éventuels aidants vers d’autres acteurs du territoire.

L’essentiel 

Porteur : GCSMS Paris, les Aînés d’Abord, fondé par les Petits Frères des Pauvres, l’association Autonomie Paris Saint-Jacques et l’entreprise de l’économie sociale et solidaire Lulu dans ma rue.

Date de création : Novembre 2018

Population concernée : Des Parisiens âgés de plus de 65 ans ; Des citoyens engagés, souhaitant s’investir dans un bénévolat de proximité auprès de personnes âgées.

Territoire concerné : L’ensemble des arrondissements parisiens.

Objectifs de l’action : Expérimenter un dispositif souple permettant à des bénévoles d’accompagner des parisiens âgés dans leurs sorties du quotidien ;
Favoriser la participation des personnes âgées accompagnées à la vie de leur quartier et le maintien d’interactions sociales ;
Rompre l’isolement en encourageant le lien social et les liens intergénérationnels ;
Prévenir la perte d’autonomie par un repérage des fragilités des personnes accompagnées, de leurs aidants et les réorienter vers les acteurs adéquats ;
Constituer un réseau d’acteurs de proximité en capacité d’alerter et/ou d’intervenir auprès des âgés fragilisés.

Partenaires : Financiers : Ville de Paris, Conférence des Financeurs de la Prévention de la Perte d’Autonomie (CFPPA), Malakoff Humanis ; 
Médico-sociaux : Maisons des Aînés et des Aidants (M2A), Centres d’action sociale de la Ville de Paris, Centre de prévention du suicide ;
Opérationnels : structures de l’économie sociale et solidaires, de promotion du bénévolat, associations de solidarité, établissement et service médico-sociaux, bailleurs sociaux, acteurs du numérique…

Caractère innovant : Un GCSMS constitué d’acteurs d’horizon différents mais complémentaires : une entreprise issue de l’ESS, une structure médico-sociale, une association de solidarité ;
Un outil numérique (application et site) associé à une plateforme téléphonique pour simplifier la mise en lien de bénévoles, favoriser l’engagement et accompagner les personnes âgées ;
La présence au sein de l’équipe salariée d’une travailleuse sociale, en capacité d’évaluer et orienter une personne en perte d’autonomie.

Impacts : 

  • Contribue à lutter contre l’isolement des personnes âgées en favorisant leurs déplacements, les rencontres intergénérationnelles, l’intégration dans la vie du quartier et la participation à des activités collectives ;
  • Favorise la prévention de la perte d’autonomie ou de son aggravation en permettant un repérage des situations de fragilités et une orientation précoce vers les services ou acteurs adéquats ;
  • Favorise un parcours de soins plus régulier et participe à réduire le non recours aux soins et aux droits ;
  • Contribue à renforcer l’estime d’elle-même des personnes âgées et à transformer le regard des accompagnants sur le vieillissement ;
  • Favorise la mise en réseau d’acteurs intervenants dans des secteurs différents et à développer une culture commune autour de l’âge ;
  • Encourage l’engagement citoyen, en proposant une approche renouvelée du bénévolat.

Origine(s)

Lancé en janvier 2019, Paris en Compagnie est né d’une volonté de la Ville de Paris de répondre à l’isolement des parisiens âgés. A partir de mai 2018 et pendant plusieurs mois, une concertation est organisée avec les conseils seniors des arrondissements, les acteurs institutionnels, les associations et structures proches des âgés, les professionnels de la sécurité, de la santé et du médico-social, afin de préciser le diagnostic et les contours d’une réponse possible. Elle confirme le souhait des personnes âgées de pouvoir sortir de chez elles et participer à la vie sociale de leur quartier, malgré les difficultés de mobilité ou le sentiment de vulnérabilité dans l’espace public. 
Un premier dispositif d’accompagnement est alors testé pendant 8 mois dans les Xème et XIIème arrondissements : une petite équipe qui réunit deux agents de la Direction de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Santé (DASES), un bénévole et trois jeunes volontaires en service civique, intervient auprès des personnes âgées particulièrement vulnérables (santé dégradée, troubles psychiques, précarité sociale…). Le bilan est globalement positif. Les personnes âgées plébiscitent le dispositif, notamment sa convivialité. Des effets sont également constatés en matière d’accès aux soins, avec un suivi plus régulier. L’expérience permet également d’interroger le recours au bénévolat : limites de l’accompagnement, capacités de mobilisation dans un contexte de désengagement et de rejet d’un bénévolat « classique », besoin pour les bénévoles d’être sécurisés (soutien de professionnels du médico-social).

De ce retour d’expérience émerge l’idée d’un dispositif simple et souple, recourant aux nouveaux usages numériques (application), permettant de toucher un large public de bénévoles pour réaliser des missions de proximité. La DASES ne pouvant porter le dispositif, un appel à projet est alors lancé à l’été 2018, sur la base d’un cahier des charges précisant les objectifs : rompre l’isolement des personnes âgées ; les inciter à sortir pour améliorer leur santé au sens large (OMS : La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.) ; repérer les fragilités et éviter le non-recours ; utiliser la relation de confiance comme vecteur de communication pour les actions menées par la Ville de Paris à l’attention de ce public.

Dans un délai très contraint (deux mois), la Ville sollicite quelques acteurs référents : l’association Autonomie Paris Saint jacques, qui porte le Maison des Aînés et des Aidants (M2A) de Paris Centre, les Petits Frères des Pauvres, association fortement engagée dans la mobilisation nationale contre l'isolement social des âgés et Lulu dans ma rue, une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui a développé une application de conciergerie solidaire sur Paris et le Groupe SOS, acteur majeur de l’économie sociale et solidaire en Europe. Les trois premiers se structurent alors en Groupement de coopération médico-sociale (GCSMS) Paris, les Aînés d’Abord pour répondre à l’appel à projet, et le remporter en associant leurs complémentarités : la M2A apporte sa pratique du secteur médico-social et sa capacité à prendre en charge des personnes fragilisées par l’âge ou le handicap, les Petits Frères des Pauvres leur expérience en matière d’encadrement et de formation des bénévoles au service des personnes âgées vulnérables, Lulu dans ma rue sa culture solidaire et sa maîtrise de l’innovation technologique et marketing.

En novembre 2018, le GCSMS Paris, les Aînés d’Abord se constitue. Les premiers bénévoles sont invités à s’inscrire sur l’application mobile dès le 13 décembre 2018 et le service Paris en Compagnie est lancé, en même temps que s’ouvre la ligne téléphonique à destination des aînés, avec deux collaborateurs, le 15 janvier 2019.

Description détaillée

Séduire les bénévoles par un engagement souple et modulable

Dès la première année de fonctionnement, la montée en charge est extrêmement rapide : en quelques mois, 1000 personnes s’enregistrent sur l’application et renouvellent le profil habituel des bénévoles. Les citoyens engagés, comme les appelle Paris en Compagnie, ont en moyenne 34 ans. 87% ont moins de 49 ans, 80% sont des femmes et un tiers font leur première expérience de bénévolat. Ils ont souvent eu connaissance du dispositif par les réseaux sociaux ou internet, notamment le site Jeveuxaider.gouv (https://www.jeveuxaider.gouv.fr/). Ni la régularité de leur engagement, ni un temps de présence minimum n’étant requis, Paris en Compagnie attire des personnes qui ont des disponibilités limitées comme des étudiants, des salariés, des personnes en transition professionnelle. Ils viennent de tous milieux, toutes origines et sont de tous les âges. Cette diversité des profils permet de s’adapter aux personnes âgées et, par exemple, de répondre aux besoins de certaines d’entre elles qui maitrisent mal le français. D’autre part, une expérimentation est conduite avec l’association Babelville, pour permettre à des personnes dans un projet de réinsertion professionnelle de découvrir le public âgé et de devenir accompagnateur bénévole.

Le bénévole s’inscrit lui-même en ligne et télécharge l’application qui lui permettra d’accéder aux demandes d’accompagnement. Puis pour confirmer cette inscription, il doit fournir un document justifiant de son identité et de son âge (plus de 18 ans) et obligatoirement assister à une réunion d’intégration, animée par un membre de l’équipe Paris en Compagnie. A cette occasion sont présentés les principes et spécificités du dispositif, la charte du citoyen engagé, les fonctionnalités de l’application, qui pourront être complétés par des tutos et des documents en ligne.  Au fur et à mesure des accompagnements effectués, il sera également possible au bénévole, sans obligation, de suivre des formations proposées par des partenaires de Paris en Compagnie, à l’accompagnement des personnes à mobilité réduite (Action Passeraile), aux premiers secours (Protection Civile), à l’écoute ou aux préjugés sur l’âge (les Petits Frères des Pauvres) …

Parmi les quelques 6300 bénévoles inscrits fin 2022, une dizaine ont un rôle d’ambassadeurs du dispositif et mobilisent les citoyens engagés de leur quartier à travers des groupes WhatsApp qui peuvent réunir jusqu’à plus d’une centaine de membres. Leur objectif est de favoriser le lien entre citoyens engagés, de faciliter l’échanges d’informations entre l’équipe de Paris en Compagnie et les bénévoles, de mobiliser sur l’organisation et la participation aux activités proposées.

Des personnes âgées soutenues dans leur demande

Pour les personnes âgées également, la procédure se veut simple. Le dispositif leur est officiellement accessible à partir de 65 ans mais quelques personnes plus jeunes (60-64 ans), particulièrement isolées, peuvent également en bénéficier. Les aînés qui recourent au service de Paris en Compagnie ont en moyenne 83 ans et pour une très grande majorité (80%) sont âgés de plus de 75 ans. Ce sont surtout des femmes (80%) et 72% d’entre eux ne sont pas autonomes dans leurs déplacements en raison de difficultés motrices ou de handicap visuel. Ils ont connaissance de Paris en Compagnie par les informations diffusées par la Ville de Paris et notamment le guide Seniors à Paris. Ils sont également orientés par les services sociaux ou médico-sociaux, notamment les M2A. Des campagnes pour aller vers des publics plus isolés ont également été expérimentées, notamment par la Mairie du XIème arrondissement et Les Petits Frères des Pauvres qui ont organisé des bas d’immeuble dans les logements gérés par les Bailleurs Sociaux, ou en s’appuyant sur le Bricobus (voir fiche).

Ce sont les proches aidants qui contactent Paris en Compagnie, ou les personnes âgées elles-mêmes. Les personnes âgées n’ont pas accès à l’application mobile : elles font appel au service directement via la plateforme téléphonique, ouverte six jours sur sept de 14h00 à 18h00. Trois coordinatrices des accompagnements, sans formation médico-sociale mais encadrées et acculturées par une coordinatrice médico-sociale issue de ce secteur, prennent connaissance de leurs besoins (et réorientent si nécessaire), enregistrent leur inscription, puis assurent le bon déroulement de chaque accompagnement, depuis la mise en ligne de la demande de l’aîné jusqu’aux retours à l’issue de la sortie.

Pour gérer la masse d’information collectée lors de chaque sortie et suivre l’évolution des personnes âgées et de leurs accompagnants, un outil a été développé, dans le respect du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), qui distingue les différents profils (personnes âgées, bénévoles, aidants, collaborateurs).

Une liberté très encadrée 

Une fois inscrite, chaque personne âgée peut ainsi solliciter Paris en Compagnie au maximum une fois par semaine, pour des accompagnements très divers qui ne doivent pas excéder quatre heures de mobilisation pour l’accompagnant.

Le citoyen engagé consulte alors sur l’application les demandes géolocalisées qui répondent à ses disponibilités. Une fois que le bénévole a accepté l’accompagnement, il reçoit les coordonnées de la personne âgée et l’appelle directement pour un premier contact de présentation. Il la recontacte le jour de la sortie, pour s’assurer de sa présence. Puis il vient la chercher et la ramener à son domicile, sauf exception convenue avec la personne accompagnée ou ses proches. Le bénévole ne doit pas rentrer au domicile de la personne âgée et si cela se produit devra le signaler lors du retour sur la sortie. Si la situation se renouvelle, la personne âgée pourra se voir proposer une orientation vers des associations assurant des visites de convivialité. De même, le bénévole n’a pas à utiliser son propre véhicule ou le véhicule de la personne âgée : les sorties se font généralement à pied ou en transport en commun, plus rarement en taxi ou en véhicule sanitaire léger.

A l’issue de chaque sortie, l’équipe de Paris en Compagnie recueille les impressions de l’accompagnant et de la personne âgée. Le premier lui transmet via l’application un rapide compte rendu sur le déroulement de la sortie et peut également alerter sur une situation inhabituelle révélatrice d’une fragilité de l’aîné. De son côté, Paris en Compagnie passe un coup de fil à la personne âgée pour s’assurer que le service a bien correspondu à ses attentes, identifier d’éventuelles difficultés et en profite pour proposer une nouvelle sortie. Si les deux retours d’expérience diffèrent, l’équipe de Paris en Compagnie cherche alors à approfondir les raisons.

Une régulation indispensable

En cas de difficultés avérées, soit dans l’accompagnement, soit sur l’état de la personne âgée, la situation est abordée collectivement lors de réunions d’équipes régulières entre les coordinatrices d’accompagnement et la coordinatrice médico-sociale dont le rôle est essentiel. Par son expérience acquise au sein de services à la personne et en M2A, elle peut qualifier le problème et réorienter la personne accompagnée ou ses proches aidants vers d’autres interlocuteurs, comme le centre de prévention du suicide (CPS), les Centres médico psychologiques (CMP) ou les M2A.

Par ailleurs, l’équipe veille également à ce que le bénévole comme la personnes âgées restent dans les limites du dispositif : pas de sollicitation du bénévole pour pallier l’absence d’une prestation ou d’un service ; pas de règlement par la personne âgée des frais liés à la sortie comme un café ou une place de spectacle ; pas d’échange financier entre le bénévole et l’aîné ni de relation en dehors du dispositif qui pourrait occasionné un glissement vers une situation d’aidance, sans possibilité de régulation par l’équipe.

En 2022, 537 orientations ont ainsi été effectuées, toujours avec l’accord de la personne âgée. Près de la moitié étaient à destination des services médico-sociaux, les autres concernaient soit des associations bénévoles (écoute, visites à domicile, accompagnement numérique, administratif…), soit de l’aide à la mobilité, soit du soutien psychologique. Très marginalement, quelques orientations s’adressaient aux bénévoles et aux proches aidants.

A chaque sortie des rencontres

En 2022, sur les 7000 sorties réalisées, plus de la moitié concerne du loisir, d’une simple promenade dans le quartier à l’accompagnement à un spectacle ou une activité. Un peu plus d’un tiers concernent des rendez-vous médicaux ou des missions spéciales (urgences, vaccinations, participation à une animation collective organisée par Paris en Compagnie ou ses partenaires…) et une centaine répondent à des démarches administratives.

Ces accompagnements sont surtout des prétextes à convivialité et aux échanges, et la solidarité intergénérationnelle est au cœur du dispositif Paris en Compagnie.  La très grande majorité des aînés accompagnés vivent seuls et 90% n’ont pas de contacts quotidiens avec un proche. Quant aux citoyens engagés, près de la moitié ne côtoie jamais ou très peu des personnes âgées. L’occasion de rencontres est donc essentielle pour les premiers qui reconnaissent se sentir moins isolés depuis qui font appel à Paris en Compagnie, mais également pour les seconds, qui s’enrichissent au contact de l’aîné et avouent avoir fait évoluer leur perception de l’âge. Des relations régulières peuvent s’instaurer au sein de certains binômes, alors que d’autres utilisateurs, bénévoles et personnes âgées vont préférer multiplier les occasions de changer d’interlocuteurs.

Au-delà des accompagnements, l’équipe développe tout un réseau d’acteurs de proximité qui interviennent au plus près des habitants dans chaque arrondissement. Les sorties peuvent ainsi permettre à la personne âgée, selon sa volonté, de participer aux activités organisées dans son quartier. Par ailleurs, avec le soutien de Malakoff Humanis, Paris en Compagnie organise une quinzaine de fois par an, dans différents arrondissements parisiens, des temps de convivialité autour de goûters, diners ou de manifestations culturelles (musée, visites guidées), sportives… A l’exemple d’En baskets avec Paulette, une marche/course solidaire à l’occasion de la Semaine Bleue, où les binômes sont invités à s’inscrire ensemble, voire à constituer des équipes avec d’autres participants. Ces moments permettent de créer un sentiment d’appartenance à une communauté plus large que les accompagnateurs occasionnels.  La publication régulière d’une Gazette, destinée aux personnes âgées inscrites, y contribuent également. Avec à terme le souhait que les aînés proposent eux aussi d’organiser des activités, ce qui commence à se faire avec des sorties ou des temps de cuisine en commun.

Un dispositif agile qui cherche son modèle de développement

Depuis son lancement en 2019, Paris en Compagnie n’a cessé d’évoluer et de s’adapter à son environnement. La crise de la Covid, qui aurait pu être fatale à un tel dispositif, a motivé l’équipe à s’adapter aux contraintes du confinement : des appels de convivialité ont été proposés pour répondre au désarroi des personnes âgées et maintenus après la crise car ils répondent aussi à une autre forme d’engagement et permettent d’attirer de nouveaux bénévoles ou de conserver ceux dont la disponibilité devient moins importante. En 2022, quasi autant d’appels de convivialité que d’accompagnements ont été effectués par les bénévoles. Le dispositif a ainsi su s’ouvrir à d’autres missions que celles initialement envisagées, notamment à travers la capacité des bénévoles à répondre présent en cas de crise : accompagnement vers les centres de vaccination lors du Covid, communication sur les gestes à adopter en cas de canicule… Mais la plus-value du dispositif, au-delà des attentes, reste la capacité à repérer la fragilité des aînés et à réorienter vers les bons interlocuteurs. Elle repose à la fois sur la présence dans l’équipe d’une coordinatrice médico-social et sur le travail permanent de constitution d’un réseau d’acteurs de proximité.

Toutefois, Paris en Compagnie est victime de son succès et l’ambition d’un accompagnant « à chaque coin de rue » n’a pas été atteint. Le ratio de quatre bénévoles pour un aîné ne permet pas de répondre en nombre et en fréquence d’accompagnements aux attentes des personnes âgées, d’autant que la fidélisation des citoyens engagés reste insuffisante. Certain n’intervienne qu’une fois alors que leur intégration dans le dispositif représente un investissement important pour l’équipe. Paris en Compagnie doit parfois faire le choix de prioriser les accompagnements médicaux, en s’appuyant sur des volontaires en services civiques pour compenser les éventuelles indisponibilités de bénévoles, au détriment de la convivialité. Dans son fonctionnement actuel, l’équipe de sept salariés travaille en flux tendu. Elle continue cependant à travailler sur l’amélioration de ses process, qu’il s’agisse de l’intégration des nouveaux bénévoles, de l’évolution de l’application ou de la création d’un nouvel outil de suivi des personnes accompagnées dont la situation se dégrade.

Plusieurs métropoles (Nantes, Lyon…) ainsi que la région parisienne sont intéressées par le dispositif, mais la stratégie et le modèle d’essaimage reste encore à définir, pour s’assurer qu’il prenne bien en compte à la fois la dimension mobilisation/formation citoyenne et la dimension évaluation/ réorientation médico-social.

Bilan

Points positifs

  • La logique d’engagement « à la carte » et la souplesse de l’application qui permet de toucher un large public de bénévoles ;
  • Le lien étroit avec le secteur médico-social et la présence dans l’équipe Paris en Compagnie d’une professionnelle issue de ce secteur, en capacité d’acculturer les autres collaborateurs aux problématiques de fragilité et d’intervenir rapidement dans le repérage et la réorientation des situations dégradées ;
  • Le réseau de partenaires, qui favorise un ancrage fort dans les arrondissements où vivent les personnes accompagnées et leur offre la possibilité d’accéder à des activités variées, favorisant le lien social ;
  • L’impact sur l’isolement, les solidarités intergénérationnelles, l’accès aux soins et aux droits des personnes âgées ;
  • Le CMR (Customer Relationship Management) qui permet une évaluation en continue du dispositif.

Points d’attention

  • La « volatilité » d’une partie des bénévoles qui n’est pas totalement compensée par la réserve citoyenne potentiellement mobilisable sur une métropole comme Paris, ni par la marge de bénévoles réellement actifs ;
  • Faire évoluer l’outil numérique en intégrant les besoins liés au suivi des personnes repérées comme fragiles (notamment partage d’informations) ;
  • Le risque d’éparpillement et d’épuisement de l’équipe sur des missions également assurées par d’autres associations (ex des appels de convivialité) ;
  • Un dispositif qui semble mieux adapté à des territoires à forte densité de population et de réseaux de mobilité (notamment transport en commun bien structurés) ;
  • Le modèle économique : un dispositif entièrement gratuit pour le bénéficiaire, qui repose sur les subventions reçues.

Partenaire(s)

Partenaires financiers : la Ville de Paris, la CFPPA 75, Malakoff Humanis ;

Partenaires médico-sociaux : les M2A de Paris, les espaces parisiens des solidarités (EPS, ex Centre d’Action Social de la Ville de Paris), le Centre de Prévention du Suicide de Paris (CPS Paris) ;

Les partenaires opérationnels : une quarantaine intervenant dans la promotion et le développement du bénévolat et du mécénat de compétences, dans le champ de la solidarité, du logement, de la mobilité, de l’accès au numérique, de la nutrition, de l’enseignement supérieur…

Moyens

Humains

  • La gouvernance du GCSMS est assuré par un administrateur extérieur indépendant et la direction des trois structures le composant ;
  • L’équipe opérationnelle compte 7 salariés, dont deux mises à disposition par la M2A Paris Centre et par Les Petits Frères des Pauvres : une directrice (pôle stratégique et administratif), une responsable de l’action citoyenne (pôle action citoyenne), une responsable médico-sociale et trois coordinatrices des accompagnements (pôle accompagnements), et une chargée de communication soit 7 ETP. S’y ajoute 2 stagiaires et parfois 1 ou 2 volontaires en service civique ;
  • Les bénévoles, soit 7 755 inscrits sur l’application (fin 2023) mais pas forcément actifs.

Financiers 

  • Le dispositif étant totalement gratuit, Paris en Compagnie n’a pas de ressources propres, à l’exception d’un financement participatif lancé en 2022 sur la plateforme Hello asso ;
  • Le budget annuel de Paris en Compagnie s’élève à 500 000 euros, répartis essentiellement entre les services extérieurs (42%, dont les salaires chargés de deux collaboratrices mises à disposition) et les charges de personnel (35%).
  • Les ressources proviennent de subventions :
    • 500 000 euros, cofinancés à part égale par la ville de Paris et la CFPPA75 (engagement de trois ans, renouvelé jusqu’en décembre 2024) ;
    • Pour l’année 2022-23, 136 000 euros de Malakoff Humanis, qui porte essentiellement sur les événements et animations organisées par Paris en Compagnie, la Gazette, l’organisation de la course solidaire, En baskets avec Paulette, la formation des citoyens engagés, la création d’un outil de suivi médico-social ;
    • Selon les années, entre 3 000 et 11 000 sur plusieurs petits appels à projets et/ou dons.

Matériels

  • Un local, loué à Paris en Compagnie par la Fondation des Petits Frères des Pauvres, qui mettent également à disposition des salles de leur siège parisien pour les réunions d’intégration des bénévoles.

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