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Inclusion/citoyenneté

Vivre Avec, quand les générations cohabitent

Type d'action

  • Bénévolat
  • Habitat / logement
  • Lien intergénérationnel
  • Lien social
  • Lutte contre l’isolement
  • Personnes âgées
  • Soutien à domicile

Département

Gironde (33)

Sur le vif

« J’ai décidé de commencer à accueillir des jeunes chez moi après le décès de mon mari en 2014, il m’était impossible de rester vivre seule chez moi. J’ai accueilli 11 jeunes pour le moment. J’ai une vie normale comme ça, je ne suis pas un machin gênant et inutile, j’ai un rôle. Sans moi, ces jeunes trouveraient difficilement un autre logement et ils n’auraient pas les repères que je peux leur apporter. Je n’ai aucune raison d’arrêter, la vie s’arrête lorsque l’on ferme la porte de chez soi. » - Mme G., senior accueillante, 85 ans

« On partage souvent le repas, j’aime cuisiner pour deux. On bavarde aussi en général après le repas, j’apprends beaucoup des jeunes, ça entraîne l’esprit et j’aime bien ne pas être seul. Puis, ça me force à toujours être à peu près présentable, de m’entretenir moi et l’appartement, j’ai une fierté personnelle. » - Mr A., senior accueillant, 91 ans

« Quand je suis arrivé chez Aline, c’était la première fois que je ne vivais plus chez mes parents. Ils étaient très soulagés qu’on ait trouvé cette solution et moi aussi, de ne pas me retrouver seul en ville. Je me sens aussi utile, pour répondre à ses questions sur l’informatique ou pour l’aider à sortir la planche à repasser par exemple. » - Théo, étudiant accueilli, 19 ans

Porteur(s) de l'action

Association « Vivre Avec – Solidarités intergénérationnelles »

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de répondre aux problématiques de solitude et de logement des personnes âgées et des jeunes, l’association Vivre Avec porte un modèle de cohabitation intergénérationnelle depuis 2004, alors que le concept était encore peu connu en France. Contre un loyer faible et une présence rassurante, une personne âgée, vivant souvent seule, met à disposition d’un jeune une partie de son logement. Au-delà de l’avantage économique, ce mode de cohabitation constitue un moyen sécurisant et convivial pour un aîné d’habiter son domicile (souvent vaste et vide) en évitant les risques de l’isolement (veille, partage de certains moments, petits services du quotidien…) et en valorisant le sentiment d’utilité, autant pour le senior que pour le jeune. L’association joue quant à elle le rôle de tiers médiateur, elle informe puis constitue et assure le suivi des binômes tout au long de la cohabitation, veillant à ce que la cohabitation se déroule bien. Grâce à une relation de proximité avec ses adhérents, elle favorise et entretient le lien social visé par ce mode d’habitat solidaire, loin de l’idée d’une simple opportunité de circonstance. Cette relation de confiance lui permet d’accompagner des seniors sur une période longue et à des âges même avancés, en s’appuyant notamment sur un partenariat avec l’équipe de soutien aux aidants (ESAD) de Bordeaux-Bagatelle. En outre, l’association propose diverses activités partagées entre adhérents pour favoriser la création de liens et la participation des seniors à la vie sociale.

L’essentiel 

Porteur : Association Vivre Avec

Date de création : 2004

Population concernée : Seniors de plus de 60 ans disposant d’une chambre mise à disposition (moyenne d’âge en 2022 des accueillants : 83 ans) ; Jeunes de moins de 30 ans en recherche de logement (moyenne d’âge en 2022 des accueillis : 23,5 ans).

Territoire concerné : Bordeaux et le libournais

Objectifs de l’action : Favoriser une solution de logement plus économique pour les jeunes et qui permet à l’aîné d’être davantage en sécurité au sein de son domicile ; 
Créer du lien intergénérationnel et lutter contre la solitude des aînés et des jeunes.

Partenaires : Conseil départemental de Gironde, région Nouvelle-Aquitaine, CAF et CARSAT, Mairies de Bordeaux et Pessac, Réseau Cohabilis, Maison de Santé Protestante de Bordeaux-Bagatelle.

Caractère innovant : Un vrai attachement à consolider le lien social entre jeunes et seniors, qui se traduit par un accompagnement de proximité sur la durée ; 
Un lien avec le secteur médicosocial qui permet de repérer et d’orienter des situations nécessitant une intervention professionnelle ; 
Une longue expérience et un travail de conceptualisation d’un dispositif qui n’est reconnu législativement que depuis 2018.

Impacts:

  • Les seniors peuvent rester à domicile dans de meilleures conditions pendant plus longtemps, la solitude est brisée, leur utilité sociale est renforcée, des accidents peuvent être évités ou signalés plus rapidement.
  • Des liens, parfois forts, sont créés entre jeune et senior, le binôme est souvent reconduit. Cette relation contribue à lever divers préjugés.
  • Les jeunes bénéficient d’un hébergement peu onéreux, dans un environnement propice à leur réussite scolaire ou professionnelle (repères, peu de transports…).
  • Les familles des seniors et des jeunes sont rassurées de savoir que leur proche ne vit pas seul.

Origine(s)

Au début des années 2000, le principe de cohabitation intergénérationnelle est encore peu diffusé en France. S’inspirant des expériences hispaniques (qui existent depuis le début des années 1990), l’association « Vivre Avec » se crée à Bordeaux en 2004, portée par sa directrice. Elle s’inscrit dans un contexte post-canicule d’août 2003 où l’isolement des seniors est particulièrement présent dans les préoccupations sociales. Un premier binôme est formé en 2005. En 2006, l’association bénéficie d’un financement du Fonds Social Européen. Depuis 2010, l’association est présidée par un professeur émérite de psychologie et psycho-gérontologie qui apporte son soutien pour piloter, organiser et solidifier l’association. Ses fonctions universitaires lui permettent d’aider à délimiter et formaliser les objectifs ainsi qu’à écrire pour faire connaitre l’association. Il fonde, au sein de Vivre Avec, l’observatoire Olisés pour initier une recherche sur l’intergénérationnel social.

En parallèle, la cohabitation intergénérationnelle se développe au niveau national avec plusieurs associations qui se forment. En 2005, un premier réseau se constitue sous le nom de CoSi ainsi qu’en 2006 le réseau LIS, pour partager les pratiques et mutualiser les outils. Les deux se réunissent pour former Cohabilis en 2020, dont le trésorier (et président de Cohabilis Nouvelle-Aquitaine) est administrateur de Vivre Avec depuis 2015. 48 associations sur le territoire national sont aujourd’hui réunies au sein de Cohabilis, Vivre Avec en fait partie comme structure référente de son territoire. Il faut néanmoins attendre la loi ELAN de 2018 (portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique) pour que la cohabitation intergénérationnelle, dite solidaire et intergénérationnelle, soit encadrée juridiquement, permettant notamment d’en assurer la défiscalisation et d’établir un contrat de cohabitation.

Le développement local du dispositif se fait également progressivement, en particulier face à des difficultés de logement croissantes. En 2013, le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, soucieux d’apporter des réponses aux problématiques des jeunes aquitains, développe quant à lui le dispositif « Un, deux, toit », qui promeut les solutions de logement chez l’habitant, adossé à une plateforme numérique depuis 2015, sur laquelle Vivre Avec est le principal relais d’offres. Quelques villes de l’agglomération de Bordeaux souhaitent aussi contribuer à l’essor de la solution et sont partenaires de Vivre Avec. Depuis 2015, l’association bénéficie d’un financement de la conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie du département de Gironde, qui juge le dispositif encore innovant. D’autre part, suite à une expérimentation initiée entre la CNAF (Caisse nationale des affaires familiales) et la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse) entre 2019 et 2021, la CAF (Caisse d’allocations familliales) de Bordeaux et la CARSAT Aquitaine (Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail= continuent de soutenir le dispositif, en participant aux frais d’accompagnement pour le jeune (CAF), comme pour le sénior (CARSAT).

L’association se structure et formalise ainsi son action progressivement, lui permettant d’accompagner une cinquantaine de binômes par an. Elle fonctionne en 2023 grâce à une équipe composée de trois salariées (2,5 ETP) : une directrice (la fondatrice), une coordinatrice des binômes (animatrice sociale de formation), une chargée de développement territorial ; elles sont soutenues par un président, un trésorier et d’autres administrateurs bénévoles. Le nombre de binômes augmente progressivement au fil des années, via un travail de réseau constant et une prise en compte (nationale et locale) croissante des avantages du dispositif. Vivre Avec est régulièrement sollicitée dans un but d’essaimage, notamment depuis la crise sanitaire de la Covid-19 qui a renforcé les attentes et souhaits autour du concept de cohabitation intergénérationnelle. En effet, l’isolement des jeunes a davantage été mis en lumière, les seniors ont plus souvent pris conscience du rôle qu’ils pouvaient jouer pour eux. L’offre est ainsi potentiellement grandissante des deux côtés, mais demande à être accompagnée.

Description détaillée

Faire naître la confiance

L’association répond aux demandes de renseignements des seniors comme des jeunes (et de leurs proches respectifs) par email ou par téléphone, qui ont pris connaissance de l’association sur internet, par le relais de partenaires ou par du bouche-à-oreille. Elle propose à chaque senior une rencontre à domicile, sans engagement, pour faire connaissance, vérifier que son projet répond à l’esprit d’une cohabitation intergénérationnelle solidaire et que son logement est compatible. La famille est souvent présente pendant la visite, soit parce qu’elle en a eu l’initiative, soit parce qu’elle est inquiète du projet de son aîné. Ce temps de visite repose sur l’écoute et le désamorçage des craintes (par exemple le senior peut redouter que la cohabitation entraine des visites moins récurrentes de son enfant ou que la maison soit abîmée s’il s’absente). Les professionnelles observent les difficultés du senior à vivre dans son logement, ce qui peut les conduire à suggérer des solutions mieux adaptées. Sans chercher à convaincre, l’association présente le dispositif afin que le senior puisse prendre le temps d’y réfléchir en toute connaissance de cause. Ce temps, souvent long, instaure les premières bases d’un lien de confiance et permet au senior d’exprimer son histoire et ses craintes à ouvrir la porte de sa maison.

Concernant l’adhésion des jeunes, il faut aussi répondre aux interrogations et désamorcer les réticences, tout en s’assurant qu’il ne s’agit pas que d’une solution par défaut, face à la pénurie et au coût du logement. Après avoir déposé un dossier (voir questionnaire en fin de fiche), le jeune est rencontré au cours d’un entretien (en présentiel ou en visioconférence) pour apprendre à le connaitre. Il s’agit de lui faire prendre conscience de son rôle et de sa place, le rassurer sur la présence de l’association mais le sensibiliser au fait qu’il sera en contact avec la personne, sa famille, d’éventuels professionnels et que la cohabitation entrainera forcément un investissement relationnel.

Des deux côtés, il s’agit de s’assurer de l’adhésion de la personne, sans quoi la cohabitation ne peut fonctionner. Enormément de demandes de jeunes ne vont pas jusqu’au bout et il arrive de plus en plus souvent que des demandes pour les seniors émanent de familles sursollicitées et fatiguées. Les professionnelles proposent dans ces situations une réorientation vers l’équipe de soutien aux aidants (ESAD) de la Maison de Santé Protestante de Bordeaux-Bagatelle, car en aucun cas le jeune n’est là pour pallier des difficultés de prises en charge ou des désaccords au sein des familles sur l’accompagnement de l’âgé. Ce temps d’écoute et d’accompagnement dès le début de la demande nécessite une certaine réactivité et un investissement de l’association, qui ne peut toujours être valorisé du côté des financements.

Réunir le binôme idéal

Après ces premiers contacts et la confirmation de leur envie d’une cohabitation, l’association propose des binômes, selon les préférences et les personnalités, tout en essayant de placer le jeune à 30 minutes maximum de son lieu d’étude ou de travail. Les professionnelles ont en amont demandé aux jeunes et seniors les profils avec lesquels ils seraient le plus à l’aise : genre, âge, affinités notamment. Par exemple, un senior veuf craignant qu’un garçon communique peu doit pouvoir oser mentionner sa préférence à accueillir une jeune fille. Cette mise en relation repose beaucoup sur l’attention et l’écoute de la part des professionnelles, afin de saisir les sensibilités et attentes de ce mode de vie partagé (recherche d’un vrai partage, d’une présence bienveillante, etc.). La coordinatrice ou la directrice accompagne ensuite le jeune (souvent avec ses parents) au domicile du senior pour qu’ils puissent voir l’espace qui lui sera attribué (le plus souvent une chambre meublée avec accès aux parties communes). Connaissant les deux membres du binôme, elle peut ainsi introduire la rencontre dans un cadre convivial.

Un contrat de cohabitation est ensuite réalisé par Vivre Avec puis signé par le senior et le jeune, ainsi que la charte de l’association (voir document en fin de fiche) dans laquelle il est précisé les droits et devoirs des membres du binôme (impératif de respecter les convictions de chacun, son intimité, l’environnement familial...). Ces derniers s’acquittent d’une adhésion à l’association de 30€ annuelle et payent une prestation d’accompagnement de 20€/mois. Le jeune paye une contribution, librement fixée par le senior dans une fourchette de 150 à 350€, et peut éventuellement toucher les APL (depuis la loi ELAN). Symboliquement, cette contribution permet aussi au jeune de ne pas se sentir redevable et instaure une certaine limite. Une fois que la cohabitation commence, une vigilance de l’association est plus fortement maintenue pendant le premier mois via un contact régulier afin de s’assurer que chacun vit bien la cohabitation. Le délai de préavis si jamais l’un souhaite y mettre fin durant ce mois est fixé à huit jours, puis passe ensuite à un mois. 

Rester présent tout au long de la cohabitation 

Dès le début, les professionnelles préviennent sur le fait que la cohabitation peut évoluer au cours des mois : le jeune va se faire des amis, le senior va avoir des mauvaises passes, etc. Elles rassurent par leur disponibilité en cas de malentendus ou conflits, mais insistent également sur le besoin de bien communiquer entre eux. Elles restent en contact avec le binôme tout au long de la cohabitation pour s’assurer que tout se passe bien. Une des forces du dispositif réside dans la proximité permise par son caractère local. Si les abus et divergences peuvent être prévenus par les premières rencontres, la médiation que l’association assure est aussi cruciale pour faire durer la cohabitation. Elle permet notamment de veiller à ce qu’aucune des parties n’outrepasse son rôle (invasion de l’intimité, interférence du jeune dans la famille, sursollicitation, etc.) et de réguler lorsque que c’est le cas (par la discussion, ou en suggérant à la personne âgée ou à sa famille la mise en place de services complémentaires si des difficultés croissantes du senior apparaissent). En particulier, un partenariat noué avec l’équipe médicosociale de la Maison de Santé Protestante de Bordeaux-Bagatelle, dont le directeur du dispositif DomCare Aidance est également vice-président de Vivre Avec, leur permet d’étayer les besoins des seniors accueillants présentant des difficultés de santé.

Toutefois, lorsque les attentes de l’un ou de l’autre divergent trop, il s’agit aussi d’accompagner la séparation d’un binôme pour qu’elle ne soit pas vécu comme un échec et de pouvoir éventuellement proposer une nouvelle cohabitation. Peu d’interruptions sont dans les faits constatés et seulement deux exclusions ont eu lieu depuis la création de l’association. Une majorité de seniors renouvellent leur adhésion d’un an à l’autre et de nombreux binômes sont reconduits.  La création de liens forts peut parfois conduire à engendrer de la tristesse lorsque la cohabitation prend fin, ce que les professionnelles sont susceptibles d’accompagner aussi. Elles-mêmes, comme les binômes et familles, se trouvent confrontés au vieillissement des seniors et parfois au décès ou à une perte d’autonomie croissante, nécessitant de l’échange, de l’écoute et de l’étayage.

Encourager la rencontre et le partage

L’association permet la mise en relation de personnes aux âges différents qui peuvent néanmoins partager des problématiques communes : s’interroger sur son devenir, éprouver un sentiment de solitude, d’isolement, être en situation précaire, en quête d’utilité... La relation qui se développe est réciproque, « je suis là pour lui et il est là pour moi ». La présence de l’un est bienveillante et sécurisante pour l’autre, pour le jeune qui démarre sa vie adulte dans une ville où il n’a pas encore de repères, comme pour le senior confronté à certaines difficultés physiques et/ou cognitives croissantes qui impactent son quotidien.

Certains binômes prennent l’habitude de partager des repas en commun (tous les soirs, seulement le dimanche…) ou simplement de coexister au cours de moments du quotidien partagés spontanément. La relation se développe selon les habitudes de chacun, et la cohabitation entraine souvent par elle-même des émotions. L’association est partie prenante de cette relation, elle connait bien les uns et les autres et est en contact régulier avec eux. Elle organise des repas partagés une fois par an, ce qui permet aussi de favoriser les rencontres et de partager les expériences entre adhérents. Elle a également commencé à proposer des sorties et activités partagées aux binômes. Un projet de comédie musicale intergénérationnelle dans une résidence autonomie a par exemple été mis en place avec une association ainsi qu’un partenariat avec l’Opéra de Bordeaux qui les convie gratuitement à certaines représentations (places solidaires financées pour des associations). Autant d’occasions de partage qui enrichissent la relation et qui donnent l’opportunité aux seniors limités dans leurs déplacements de participer à des activités sociales dans un cadre sécurisant.  

Un dispositif qui doit encore grandir

La coordinatrice et la directrice de l’association ont un rôle de terrain très fort, le cœur de leur action réside dans la relation qu’elles développent avec les jeunes et seniors. La présence du président et vice-président, par leurs formations et expériences externes (de recherche et dans la filière gérontologique), leur permettent de prendre un nécessaire temps d’analyse de pratiques et d’avoir un retour réflexif sur ce qu’elles font. Cela permet en particulier de mettre des limites à l’accompagnement qu’elles apportent et de mettre des mots sur leurs activités et leurs relations aux adhérents, dans lesquelles elles sont très investies.

L’accompagnement que Vivre Avec réalise doit pouvoir être objectivé pour en constater la plus-value : la relation développée par l’équipe de Vivre Avec lui permet d’assurer un vrai suivi des seniors et d’être partie prenante du maintien à domicile par la solution de cohabitation intergénérationnelle qu’elle encourage, ce qui n’est pas le cas de toute situation de cohabitation intergénérationnelle, par exemple lorsque de jeunes seniors mettent juste à profit un espace inutilisé sans en attendre davantage. Les professionnelles de Vivre Avec jouent un rôle de « passerelle » entre les seniors et jeunes cohabitants, ainsi qu’entre le monde médicosocial et social. Le travail de publication développé au sein de leur Observatoire Olisés contribue à poursuivre la réflexion et le partage de leurs pratiques.

Le travail continu de promotion auprès des acteurs locaux qu’effectue Vivre Avec depuis sa création lui permet de favoriser l’ouverture du dispositif vers d’autres territoires (autres municipalités) et d’autres publics (jeunes en apprentissage, jeunes travailleurs, personnes âgées en résidence autonomie, personnes en situation de handicap). L’arrivée d’une chargée de développement territorial renforce également ces possibilités de recherche de financements, de partenariats et de développement d’une stratégie de communication. Néanmoins, pour essaimer davantage, l’association est principalement confrontée à deux difficultés : trouver des financements pérennes et attirer des seniors acceptant d’ouvrir la porte de chez eux à des jeunes. Un gros travail demeure donc dans le fait de se faire connaitre et de briser les préjugés pouvant freiner l’engagement de certains. La recherche de financements constitue une activité chronophage, qui repose sur une équipe restreinte, et qui rend difficile un développement étendu et pérenne.

 

Bilan

Points positifs

  • Une association précurseur et reconnue à échelle régionale et nationale, d’un dispositif attractif désormais encadré juridiquement.
  • Un accompagnement de proximité qui permet la création de lien social dans de bonnes conditions, qui n’est pas seulement de la mise en relation mais qui joue un rôle de médiation et qui permet d’accompagner des seniors même à des âges avancés (moyenne d’âge des seniors au sein des 64 binômes formés en 2021 : 83 ans).
  • Un lien avec le secteur médicosocial qui permet d’orienter les situations où les besoins d’accompagnement nécessitent une intervention professionnelle (permettant ou non la continuité de la cohabitation).
  • Une cohabitation qui permet de lutter contre la solitude et qui renforce le sentiment d’utilité des aînés comme des jeunes.
  • Un travail de conceptualisation et de réflexivité, avec notamment une attention à l’analyse de pratiques.

Points d’attention

  • La cohabitation intergénérationnelle ne convient pas aux aspirations de tout senior ou jeune, le dispositif ne peut et ne doit pas être massifié. Elle ne doit pas non plus être une solution d’urgence, ni d’hébergement pour le jeune, ni de maintien à domicile pour l’ainé.
  • La structure doit veiller à ce que le jeune ne joue pas un rôle d’aidant à domicile pour le senior, ni que lui ou l’aîné n’interfère dans la vie intime et familiale de l’autre ; elle est un référent et doit désamorcer les malentendus et conflits.
  • Il peut être difficile de faire reconnaitre la plus-value de leur action, qui peut sembler plus simple qu’elle ne l’est et leur rôle dans le soutien à domicile n’est pas toujours perçu car hors du champ médicosocial. Le modèle économique repose essentiellement sur des subventions et reste donc fragile, l’accompagnement prend du temps, difficile à évaluer et valorisé financièrement.
  • L’essaimage reste limité en raison des faibles effectifs de l’association, sauf à modéliser le dispositif d’accompagnement et le faire porter par d’autres structures, collectivités notamment.

Partenaire(s)

Financiers : Conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie ;
Financiers et opérationnels : Conseil départemental de Gironde, région Nouvelle-Aquitaine, CAF et CARSAT, Mairies de Bordeaux et Pessac ;
Opérationnels : Réseau Cohabilis, Equipe de soutien aux aidants à domicile de la Maison de Santé Protestante de Bordeaux-Bagatelle, quelques mairies de Bordeaux métropole.

Moyens

Humains

  • 2,5 ETP dont une directrice ;
  • Une coordinatrice ;
  • Une chargée de développement territorial (depuis juin 2022) ;
  • 7 bénévoles.

Financiers

Pour l’année 2022

  • Forfaits de prestation, frais de dossier et cotisations : 1215€
  • Subventions : 116 819€
    • Mairie de Bordeaux : 2000€
    • Mairie de Pessac : 2500€
    • CAF : 16131€
    • Conseil départemental de Gironde : 15000€
    • Conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie : 24000€
    • Région Nouvelle Aquitaine : 22680€
    • CARSAT : 34508€

Matériels

  • Local dans la maison des associations de Bordeaux (redevance annuelle de 300€) ;
  • Frais de fonctionnement (frais postaux, internet, téléphone…) ;
  • Repas annuel des binômes.

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